Revue de presse
“On connaît Philippe Gonin pour ses ouvrages consacrés à Pink Floyd et aux albums The Dark Side Of The Moon, The Wall et Wish You Were Here, tous publiés chez Le mot et le reste. Ici, il a choisi de se consacrer à un album majeur, Animals, sorti en pleine période punk. A l’origine de cet album, on trouve deux morceaux, You Gotta Be Crazy et Raving and Drooling, joués depuis 1974 et écartés lors de l’enregistrement de Wish You Were Here. Waters, de plus en plus central au sein du groupe, décide de le refondre dans un concept album inspiré de La ferme des animaux de George Orwell et d’en faire une critique de la société capitaliste des années soixante-dix. Soit. Sa chance est d’avoir, pour servir ses textes virulents, parfois incisifs et décapants, David Gilmour. S’il ne signe que la musique de Dogs, ses solos de guitare électrisent un album très inspiré. Rick Wright n’est pas si en retrait qu’on ne l’a dit, signant avec Sheep, refonte de Raving and drooling, une partition magnifique qui, cinq ou six ans plus tard, aurait justifié un crédit de co-compositeur que Waters, à l’ego surdimensionné, monopolise. Comme dirait un ami, c’est déjà un vieux con avant l’âge… Pink Floyd part en tournée défendre son album. On est alors en pleine vague punk (sans compter le disco avec ce groupe fondamental qu’est Chic) et les gros mastodontes du rock comme le Floyd ou Led Zeppelin se font étriller par la presse. Le groupe est inégal lors des concerts, on aurait aimé la publication de certains enregistrements. Waters se montre un peu renfermé et le clash intervient à Montréal face à un spectateur, se terminant par un crachat du bassiste… C’est là une des raisons de la naissance de The Wall, une autre histoire. Reste la musique d’Animals, complexe, souvent géniale, fougueuse. Un album sous-estimé que ce livre très complet de Philippe Gonin permet de redécouvrir.”
“Ce livre a tout pour être rasoir. Rendez-vous compte : on y parle que du seul album Animals de Pink Floyd. Oui, mais voilà, qu’on soit fan des anglais ou simple curieux, Philippe Gonin arrive à nous prendre par la main, à nous surprendre et à nous apprendre tout un tas de choses aussi étonnantes les unes que les autres. Il faut dire qu’il connaît son sujet puisqu’il a déjà signé des ouvrages thématiques sur trois albums des plus célèbres Flamants Roses de la planète. Avec ce quatrième épisode, c’est « Animals » qui est décortiqué à la loupe. S’il est une pierre angulaire de leur discographie, le disque dévoile ici ses secrets. Des séances d’enregistrement dans les nouveaux studios londoniens du groupe aux tensions internes entre Roger Waters et David Gilmour, en passant par la promotion de l’opus, les prises de vue de la pochette, les sources d’inspiration littéraire de Roger Waters ou encore les tournées qui précèdent et suivent la sortie de l’album, on est au cœur de l’aventure. Au final, en pleine période punk, l’emblématique groupe de rock psychédélique britannique a bien conscience de son talent. Ce livre illustre ce truisme d’une façon fouillée et documentée sans pour autant nous ennuyer une seule seconde.”
”« Animals » ?! Fichtre, pourquoi celui-là ? Les fans du groupe anglais pourraient s’en étonner. Du moins ceux de la deuxième vie du Floyd, celle qui s’étend – disons – entre la date du limogeage de Syd Barrett (en fait le 26 janvier 1968, lorsque ses « amis » décident de l’abandonner au bas de son immeuble où il attend qu’on vienne le chercher pour rallier la salle où ils jouent ce soir-là) et le sabordage autoproclamé par Waters en 1985. Entre ces dates, il y a quelques albums de transition, puis une trilogie « Dark Side » / « Wish You Were Here » / « Animals » qui coïncide à la prise de pouvoir croissante de Waters et au succès planétaire de Pink Floyd. « The Wall » et « the Final Cut » ne devant déjà plus être considérés comme étant les albums d’un véritable « groupe ». Pour ces fans (de la deuxième époque, donc…), « Animals » fait figure… de vilain petit canard. On ne quitte décidément pas la ferme ! « La ferme des animaux », puisque Waters, en construisant son thème, s’inspire ici d’un roman écrit par George Orwell trente ans plus tôt… Ne se trouvant pas politiquement en phase avec le romancier londonien (mais avec qui parvenait-il à s’entendre ?), Waters dévie le propos qui, d’une critique du régime soviétique, devient une attaque contre le système capitaliste. Seul point commun entre eux : le constat que l’homme est un prédateur pour l’homme…
Si ces fameux fans (de la fameuse deuxième période) ont pris le pli de considérer que ce disque était inférieur aux autres, c’est parce que « Animals » se situe très clairement à une période charnière, celle qui correspond à la fin annoncée de Pink Floyd. A juste titre, Waters estime que c’est lui qui apporte l’essentiel du matériel (thèmes, paroles et musiques) au groupe dont il prétend être le seul leader, tandis qu’à juste titre (aussi), Wright et Gilmour assurent que, sans eux, l’œuvre de Pink Floyd se limiterait à quelques chansons folk mal fagotées. Quant à Mason, il compte les coups et les coûts sans trop se mouiller… Au-delà des problèmes d’ego, il y a bien évidemment des problèmes de sous. Or, si seul (ou presque) le nom de Waters apparaît dans les crédits sur les pochettes, cela sous-entend aussi qu’il ne laisse aux autres que les miettes du pactole « Pink Floyd ». Voici le (triste et nauséeux) décor planté. Dans ce livre de près de 150 pages (quand même !), Philippe Gonin restitue le contexte pas à pas (cette sombre histoire démarre au printemps 1974), nous rappelle que « Animals » est sorti en pleine vague punk, ce dont Waters comme les autres se souciaient peu. En bonus, Gonin nous apporte son analyse de musicien avec – sans doute – quelques détails qui en égareront quelques-uns. Mais au final, son livre est passionnant car il ne se limite pas à une chronique (de 150 pages…) d’un album qui, les décennies passant, se révèlera être une pièce angulaire dans l’histoire du rock (et plus…), au même titre que « Dark Side », « The Wall » et « Wish You Were Here », qui, eux aussi ont été décortiqués par le même auteur… Et donc à la question « Pourquoi cet album ? », nous répondrons simplement que lui aussi méritait une mise en lumière. Ce que Philippe Gonin a parfaitement réalisé.”
“Après avoir écrit de nombreux ouvrages sur les Pink Floyd dont il est le grand spécialiste français, le guitariste et enseignant Philipe Gonin nous raconte aux éditions le Mot et le Reste, l’histoire d’Animals, l’un des disques les plus étonnants des Pink Floyd. Qu’ils semblent loin les arrangements complexes de The Dark Side of the Moon et le lyrisme de Wish You Were Here. Deux ans après la sortie de cet album hommage au fondateur du groupe Syd Barrett, les glorieux et richissimes Floyd font un virage à 180 degré avec Animals. Un disque paru en 1977, qui s’ouvre, en pleine mode du punk par une ballade amoureuse. Pigs on the wing part 1. Un petit lever de rideau pastoral et folk composé par Roger Waters comme l’intégralité des chansons de l’album où le musicien déclare son amour à sa seconde épouse sa nouvelle femme, Carolyne Christie. Mais ne vous fiez pas à cette chanson d’amour, un registre plutôt rare dans les compositions des Floyd. Car si Waters évoque à la guitare et à la voix la bulle magique des amants, c’est pour mieux la faire éclater et nous faire atterrir en plein milieu d’un autre monde, plus vaste et qui n’est pas toujours très beau. Un monde dangereux et injuste, dominé par des chiens qui aboient.”
“En 1976, il ne reste pas grand-chose de Pink Floyd en tant que groupe. Wish You Were Here a été en quelque sorte le chant du cygne d’une entité collective qui se craquelle depuis que les quatre musiciens sont devenus multimillionnaires avec The Dark Side of The Moon. Leurs concerts, aussi gargantuesques qu’impersonnels, sont sévèrement critiqués par la presse et Roger Waters se montre de plus en plus hégémonique dans sa manière de diriger ce qui est devenu une véritable entreprise. C’est ce que nous raconte Philippe Gonin dans un nouvel ouvrage consacré à Animals , quatrième partie d’un feuilleton qui tente d’analyser le groupe au travers de quelques-uns de ses albums majeurs. Un an auparavant, l’auteur décrivait une entité encore vaguement soudée, qui venait d’enregistrer et de promouvoir un disque charnière, marqué à la fois par l’absence et la présence de Syd Barrett. Comme dans toute bonne série qui se respecte, Gonin fait au début de Pink Floyd – Animals un résumé de cet épisode précédent, avant d’entrer dans le vif du sujet, celui d’un groupe en pleine décomposition. Maître à présent de la direction artistique – seul David Gilmour a encore vaguement son mot à dire – Waters impose sur l’album en devenir ses compositions et ses idées ; il va jusqu’à rejeter les propositions d’Hipgnosis, le studio responsable des visuels depuis A Saucerful of Secrets et choisit seul comme illustration de la pochette une centrale électrique située dans la banlieue de Londres, la fameuse Battersea Power Station. Entre les cheminées de celle-ci flotte un cochon volant, un montage qui reste visuellement l’un des plus marquants dans la discographie de Pink Floyd. Alors qu’en général les pochettes n’ont que peu de rapport avec le contenu musical, celle d’_Animals_ illustre parfaitement le concept construit par Waters : une société autoritaire dirigée par les porcs où les moutons sont surveillés par des chiens. Gonin décortique les multiples influences et références qui gouvernent l’œuvre, plus nombreuses que la seule Ferme des animaux d’Orwell, une évidence en première lecture. En effet, comme le souligne l’auteur, Waters redirige l’aspect politique de la fable vers une attaque frontale contre le capitalisme, conférant à cette nouvelle pièce une agressivité inédite, tant au niveau musical que dans les paroles, ces deux aspects étant finement analysés dans le livre. Avec un contenu qui s’adresse comme à son habitude à toutes sortes de mélomanes, simples amateurs ou instrumentistes en herbe, Philippe Gonin dresse le portrait d’une bande de musiciens qui, s’ils travaillent ensemble, ne sont plus guère des amis. Il relate ainsi la difficile naissance d’un disque, depuis des titres testés en concert dès 1974 jusqu’à sa mouture finale et sa promotion sur scène. Pour cela, il croise dans son étude de nombreuses sources pour en faire un témoignage précis, parfois pointu (quelques passages sont à la limite de la musicologie), mais qui se lit avec le même plaisir que les volumes précédents.”
”Lire en intégralité”: https://www.chromatique.net/index.php/2025/04/05/philippe-gonin-pink-floyd-animals/
“La centrale électrique de Battersea à Londres pour Pink Floyd, la banane du Velvet underground, le pendu de ” Can’t Stand Losing You ” de Police, le bébé nageur de ” Nevermind ”… sans compter que le cinéma a aussi enfanté quelques images cultes. On fait le point… Sorti en janvier 1977, Animals (photo) est le dixième album studio de Pink Floyd. Inspiré par le livre ”La Ferme des animaux” de George Orwell, Animals utilise des métaphores animales pour dépeindre les différentes classes sociales et les luttes de pouvoir au sein de la société. Mais le disque se distingue également par son artwork emblématique, conçu par Storm Thorgerson. La pochette représente une vue saisissante de la centrale électrique de Battersea, située à Londres. Ce bâtiment, avec ses quatre cheminées emblématiques, est un symbole de l’industrialisation et de la modernité. Sur cette image, un énorme cochon gonflable, surnommé “Algie”, flotte au-dessus de la centrale, créant un contraste frappant entre l’innocence de l’animal et la froideur de l’architecture industrielle. Ce cochon, qui représente l’avidité et la déshumanisation, est un élément central de la critique sociale que Pink Floyd développe dans l’album. Pour réaliser cette pochette, le groupe a utilisé une photographie prise par Thorgerson, à laquelle ils ont ajouté le cochon en post-production. Le processus a été complexe, nécessitant des ajustements minutieux pour s’assurer que le cochon semblait flotter de manière réaliste. Ce souci du détail témoigne de l’engagement de Pink Floyd envers une esthétique visuelle qui complète leur musique. Depuis sa sortie, la pochette de Animals est devenue une icône dans le monde de la musique. Elle est souvent citée comme l’une des meilleures couvertures d’album de tous les temps, et elle continue d’inspirer des artistes et des designers. Le cochon d’Animals est même devenu un symbole de Pink Floyd, apparaissant dans divers concerts et événements liés au groupe. On signalera encore la sortie d’un excellent bouquin (par Philippe Gonin aux éditions Le Mot et le Reste) uniquement consacré à ce disque mythique.”
“Ah ça, on ne l’avait pas vu, en regardant la vitrine du petit disquaire près de la gare de Lille, ce matin glacial de Janvier 77. L’album Animals venait d’arriver. Avec sa photo d’usine (La Battersea Power Station) et son cochon, mis en avant à côté des bouclettes de Peter Frampton (Comes Alive), du triangle cosmique de Tangerine Dream (Stratosfear), et du portrait en noir et blanc de Patti Smith (Radio Ethiopia). Finalement, on avait pris le vinyle noir, car moins cher et plus résistant d’après le vendeur. Tant pis pour le rose. Quelques heures plus tard, l’écoute. On avait été surpris par la vignette acoustique du chanteur / bassiste Roger Waters en intro. Heureusement débutait ensuite une longue pièce, comme pour Atom Heart Mother et Meddle, avec une série d’accords de guitare acoustique accompagnée de l’orgue de Rick Wright, puis le chant de David Gilmour, tout de suite vindicatif. Après lui, le déluge…”