Revue de presse
”« Requiem sur roues » est un ouvrage écrit au fil d’un périple dans le sud de la Suède à bord
d’une voiture mythique et disparue, une Saab 900 de 1993. Le Nantais Alain Gnaedig nous embarque avec lui. Traducteur, auteur et conducteur de Saab, Alain Gnaedig est de retour avec un ouvrage étonnant réalisé à bord de la mythique voiture des Suédois, un «tombeau poétique»,
selon ses mots, «à la mémoire d’un pays qui a incarné un modèle et une certaine idée du
progrès».
Pouvez-vous nous présenter ce dernier voyage littéraire?
Alain Gnaedig : « Requiem sur roues, c’est le récit d’un voyage dans une partie de la Scanie, une région du sud de la Suède, autour de la petite ville de Höganäs. Mon intention, c’était d’acheter une Saab 900, une des dernières produites en 1993, et de raconter ce que je voyais sur place et d’élargir l’angle de vue, sur l’Europe et le monde globalisé. Il s’agissait de partir
d’une réalité vécue pour effectuer en même temps un voyage dans l’histoire et l’âme suédoises. Avec cette voiture emblématique en guise de fil rouge et de prétexte, il s’agissait de montrer
et d’expliquer les changements dans ce pays que je connais depuis plus de quarante ans. Et puis, de réfléchir sur le progrès et la marche du monde, de montrer ses déroutes en suivant la
route.»
Comment est né ce livre ?
« Après avoir écrit un livre basé sur le GR du Pays nantais – Le Grand Chemin nantais –, j’ai eu besoin de me pencher sur une des autres régions du monde qui est essentielle pour moi : la Scanie. J’ai eu envie de partager cette expérience, en racontant des histoires, petites et grandes, en partant du réel, sans jamais perdre de vue une intention littéraire. »
De quelle façon avez-vous rédigé ce périple ?
« Je l’ai rédigé en Suède, au printemps 2024, en consignant beaucoup de notes dans un carnet. Je procède toujours ainsi, avec des notes manuscrites qui constitueront le matériau premier du texte. Je prends aussi des photos. Une fois rentré sur les bords de la Loire maritime, j’ai travaillé et retravaillé ces notes. J’ai vérifié certains faits via des sources écrites diverses : cela va d’articles de presse à des catalogues, en passant par des textes du XVIIIe siècle, comme le récit de voyage dans le sud de la Suède effectué par Linné, le père de la botanique moderne. »
D’où vous vient cet amour inconditionnel pour cette Saab 900 de 1993 ?
« Pour les Français, la voiture mythique, c’est la 2 CV ou la DS, la 4L, la 504. Pour un Suédois, il y a de fortes chances que ce soit une Saab 900. C’est une voiture d’ingénieurs pour un pays d’ingénieurs, très en avance techniquement et au design unique, une voiture sûre, qui protège ses passagers. C’est cet intérêt pour cette voiture si particulière qui est un des sujets du livre. Même si la marque Saab a disparu en 2011, je suis un fan. J’en ai eu huit et je roule encore en Saab. Pour moi, la Saab 900 reste une des plus belles voitures jamais construites. »
Qu’est-ce qui t’attire tant dans l’histoire et l’âme suédoises ?
« Il y a une quarantaine d’années, j’ai été attiré par la Suède pour son modèle social, très en avance en ce qui concernait les droits des femmes et des enfants, sur l’écologie et le partage des richesses. Il y avait surtout une exigence de justice sociale : dans la société suédoise et son programme, on ne laissait tomber personne. Cela me semblait bien. C’est pour cela que j’ai appris la langue et que je suis allé là-bas. Et puis, c’est le pays qui consacre les grands écrivains, n’est-ce pas ? Le Prix Nobel est décerné par l’Académie suédoise. »”
Dans un récit à la fois érudit et personnel, Alain Gnaedig prend le volant d’une Saab 900 pour retracer, au fil de la route, l’histoire d’un pays, de son industrie, et de ses utopies sociales. Un carnet de bord singulier où mécanique et mélancolie se confondent.