Revue de presse
“David Happe connaît intimement le domaine végétal auquel il a consacré une part importante de sa vie, notamment au ministère de l’écologie. Cet expert arboricole, aujourd’hui indépendant, voue toute sa passion à l’impérieuse nécessité, celle d’une prise en considération du dramatique déclin de la flore. Si les périls écologiques font la une des journaux, la lente agonie d’un grand nombre d’espèces de la flore se fait, en revanche, souvent de manière plus silencieuse et à l’abri des projecteurs médiatiques… Ainsi l’auteur a-t-il décidé de poursuivre sa patiente croisade en témoignant assidûment contre cette évolution qui ne saurait être inexorable si l’espèce humaine veut bien s’en saisir. A partir de dix courts récits, le lecteur prendra justement conscience de l’extinction de certaines espèces florales et ce dont certains passionnés sont parvenus à réaliser afin d’endiguer cette tendance aussi néfaste pour la planète que pour l’homme. Botanistes, scientifiques et même parfois l’armée, ont pu en effet conjuguer leurs forces afin d’apporter des solutions pour la préservation de la biodiversité aux quatre coins du globe. A partir du témoignage précieux d’une trentaine d’experts internationaux, cet ouvrage dresse non seulement un état des lieux, mais souligne également combien la lutte est loin d’être gagnée si l’on considère que de nos jours les espèces détruites du fait de l’homme sont plus nombreuses que celles apparaissant…”
“Dans le livre Plantes rescapées, David Happe relate comment une dizaine d’espèces végétales que l’on a cru disparues ont été redécouvertes. Même si certaines restent absentes de leurs écosystèmes d’origine. En 1992, le silène de Gibraltar, une plante vivace “capable de croître dans les milieux les plus hostiles à toute conquête végétale” était porté disparu. Le canelillo est un arbre feuillu du Costa Rica qui n’a fait l’objet d’une étude scientifique qu’en 2005. A l’époque, on n’en compte plus que deux spécimens. En 1814, le botaniste Stephen Elliott a le triste privilège d’observer pour la dernière fois des arbres de Franklin en milieu naturel, dans la vallée de l’Altamaha en Géorgie, aux Etats-Unis. Dans les années 1990, suite à des opérations de déforestation au profit de l’agro-industrie dans le sud de la Tanzanie, l’érythrine, un arbre épineux découvert en 1934, est devenu introuvable. Ces quatre espèces font partie de la dizaine sélectionnée par David Happe dans le livre qu’il publie ce mois de septembre 2025, Plantes rescapées (éditions “Le mot et le reste”). Expert arboricole indépendant depuis 2017 après avoir exercé sa spécialité près de trente ans à l’Office national des forêts et dans diverses collectivités territoriales, l’auteur a pris un parti pris original pour parler de biodiversité menacée. Dans des contextes tristement connus de ravages causés par l’industrialisation, de prédation humaine sur les ressources ou de réchauffement climatique, il a choisi dix histoires de spécimens sauvés de l’extinction totale, un peu partout dans le monde, de la Belgique à la Chine en passant par l’île Maurice ou la Grande-Bretagne. Le tout en y associant des commentaires de botanistes interrogés pour le livre. Mais cette diversité botanique et géographique va de pair avec celle des circonstances de ces “sauvetages”, qui prennent des détours parfois étonnants. Où le pur hasard peut côtoyer l’expertise. Nombre d’espèces doivent certes leur salut à des actions scientifiques en bonne et due forme. Comme celles d’une équipe de biologistes de l’ONG Osa Conservation pour préserver le canelillo, ou d’experts des jardins botaniques de Gibraltar, Londres et Cadix unissant leurs efforts autour du silène de Gibraltar. En revanche, le naturaliste William Bartram ne savait pas, en envoyant à des graines à son père à Philadelphie, dans les années 1770, qu’il serait à l’origine du sauvetage de l’arbre de Franklin (qui ne pousse cependant qu’en pépinière). Après la guerre du Golfe, anticipant de futurs conflits dans la région, un horticulteur irakien (que David Happe a tenté en vain de contacter) expédie par précaution des graines de la pastèque Ali Baba à la société américaine Baker Creek Heirloom Seeds, spécialisée dans la préservation de semences. La belle de Thuin, un prunier dont on ne connaît pas l’origine, est toujours parmi nous parce qu’un employé de direction régionale des Postes de Charleroi, en Belgique, en avait un unique spécimen dans son jardin. Quant à la delissea d’Hawaï, qui ne pousse que sur l’île d’Oahu, elle est sous la garde de… l’armée américaine elle-même, qui a sur place une mission d’étude et de protection de la biodiversité en péril. Il n’y a toutefois pas de mystère. Aucune de ces histoires ne se déroule sans heurts ni sans détermination. Les scientifiques doivent persévérer, prospecter, renouveler leurs efforts. Comme pour l’érythrine, anéantie une première fois, redécouverte puis anéantie à nouveau ! Ou les huit tentatives de réintroduction de la cylindrocline de Lorence dans son milieu naturel mauricien. “En mobilisant le savoir naturaliste, la volonté des acteurs et les technologies les plus pointues, l’Homme peut faire des miracles ! Reste à savoir s’il peut – et veut encore – s’en donner les moyens”, prévient David Happe, se gardant de tout angélisme. Ses récits n’en restent pas moins enthousiasmants.”